Réguler les lynx, le Doubs rêve des chasseurs !

Réguler les lynx, le Doubs rêve des chasseurs !

Dans une lettre* adressée à la Fédération départementale de chasse du Doubs, le 16 février dernier, l’association intercommunale de chasse de Fournets-Luisans-Fuans exprime sa volonté de pouvoir réguler les lynx, espèce pourtant strictement protégée et menacée d’extinction en France… Motif ? Sans régulation, les grands félins feraient disparaître tous les chevreuils et les chamois !

Non seulement ce scénario est un non-sens écologique (les lynx sont des prédateurs territoriaux qui s’autorégulent selon le nombre de proies disponibles), mais c’est une tentative bien grossière de détourner l’attention du massacre de masse perpétré par les chasseurs à l’égard de ces animaux chaque année pour leur simple loisir : rien que dans le Doubs, pour la saison 2023-2024, les autoproclamés 1ers écologistes de France ont obtenu l’autorisation d’abattre un maximum de 7852 chevreuils et 886 chamois ! Des chiffres totalement effarants qui ne tiennent en aucun cas compte de la présence des régulateurs naturels de ces animaux, à savoir les lynx et les loups…    

Avec le braconnage avéré de plus de 50 lynx en 20 ans*, la volonté d’éliminer les prédateurs et tout ce qui pourrait gâcher le petit plaisir des chasseurs n’a évidemment rien de nouveau, mais dans un contexte de « greenwashing » assumé de la Fédé de chasse du Doubs à l’égard du lynx ces dernières années (programme Eco-lynx notamment), cette sortie de troupe locale fait tomber les masques avec encore plus de violence…  

D’ailleurs, au lieu de condamner le contenu de la lettre avec la plus grande des fermetés, la Fédé du Doubs s’est contentée d’un petit communiqué mollasson sur sa page Facebook dans lequel elle déclare simplement ne pas souhaiter « être associée au contenu de cette lettre qui n’engage que son auteur et les potentiels signataires ».

Pourtant, si l’on se réfère au Schéma départemental de gestion cynégétique du Doubs 2017-2023, les intentions de la Fédé sont on ne peut plus claires : “le lynx est une espèce protégée, expliquant qu’actuellement aucune mesure ne permette d’en maîtriser les effectifs. Par conséquent, et si cela s’avère nécessaire, la Fédération oeuvrera pour faire évoluer le statut de l’espèce lynx”… !

Protégeons les lynx !

Disparu de France entre le 17e et le début du 20e siècle en raison de la diminution de la surface forestière et des proies disponibles, le lynx boréal est revenu timidement dans l’Hexagone dans les années 1970 suite à des programmes de réintroductions menées en Suisse et dans les Vosges, notamment.  

Aujourd’hui, avec une estimation d’environ 200 individus seulement répartis entre les massifs du Jura, des Vosges et des Alpes, le lynx boréal est considéré comme « En danger » par l’Union internationale de la conservation de la nature (UICN). 

Depuis 2019, le lynx fait l’objet d’un Plan national d’actions, dont l’ASPAS est partenaire. Parmi les nombreuses menaces qui pèsent sur le grand félin : les collisions routières, la fragmentation des habitats, le braconnage et la consanguinité.     

L’ASPAS demande de l’État une politique beaucoup plus ambitieuse en faveur des lynx, à savoir : des moyens accrus pour lutter contre le braconnage, la sanctuarisation de corridors naturels qui facilitent le déplacement des lynx, une meilleure protection de leurs habitats forestiers et une limitation drastique de la chasse des herbivores sauvages dans les territoires concernés par la présence du prédateur. 

* La lettre a été interceptée et diffusée avec indignation par le lanceur d’alerte Alain Prêtre, sur sa page Facebook 

** Chiffres avancés par le Centre Athénas le 16 février 2024, sur sa page Facebook

© Photo d’en-tête : Céline Carisez

À lire aussi : “Les chasseurs veulent-ils réguler le lynx ?” (article ASPAS de janvier 2020)

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