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Jusqu’au 5 février 2022, vous êtes invités à participer à une consultation publique lancée par le ministère de la Transition écologique, autour de l’adoption d’un décret visant à définir la notion de « protection forte » d’un espace naturel. 

Cette mesure est prévue par la loi « climat et résilience », adoptée le 21 août 2021, qui inscrit notamment dans le Code de l’environnement l’objectif visé d’ici 2030 d’au moins 30% d’aires protégées en France, dont 10% en protection forte.

Vous pouvez vous inspirer de la position de l’ASPAS, ci-dessous, mais attention à ne pas faire de copier-coller de notre texte : il est important que chaque contribution soit personnalisée. Merci à toutes et à tous pour votre participation !

Protection forte…ment controversée !

Pour l’ASPAS, qui applique le principe de libre évolution dans ses Réserves de Vie Sauvage® depuis plus de 10 ans, ce texte n’est qu’une coquille vide et n’est pas du tout à la hauteur des défis titanesques auxquels est confronté l’Humanité du 21e siècle : la lutte pro-active contre le changement climatique et la disparition alarmante des espèces !

L’article 1 du texte regroupe sous l’étiquette « protection forte » des espaces où les activités humaines sont « évitées, supprimées ou significativement limitées »… Tel qu’il est rédigé, cet article ne garantit donc en rien qu’une zone en protection forte sera vraiment protégée de toute activité humaine susceptible d’impacter la nature, puisqu’il sous-entend qu’il peut y avoir des exceptions et des dérogations…

De fait, des activités comme la chasse, la pêche, la coupe de bois, le pastoralisme sont aujourd’hui autorisées dans de nombreuses aires « protégées » comme les Réserves naturelles ou les Parcs nationaux : or rien, dans ce projet de décret, n’indique que ces activités seront définitivement supprimées des zones à protection forte !

Nous attendons de l’État qu’il s’engage plus précisément, en nommant les activités prohibées dans une ZPF

La nature ne connaît pas de frontières administratives !

D’autre part, l’article 5 prévoit que les zones de protection forte terrestres seront soumises à autorisation préfectorale : en aucun cas la biodiversité ne doit être dépendante d’enjeux de pouvoir et d’influence régionale ou locale ! La sauvegarde de la biodiversité terrestre (de ses fonctionnalités, de ses services rendus à l’ensemble du vivant) ne peut être définie uniquement à l’échelle locale puisqu’elle répond à des réalités dépassant largement les limites administratives humaines.

Que les pouvoirs régionaux participent à la définition des zones protégées, c’est évident, mais c’est la protection de la nature qui doit guider l’action collective, et permettre le développement des continuités écologiques entre les différents territoires.

Seuls éléments a priori positifs du texte : la pérennité des mesures de protection et le « contrôle effectif » des activités. Mais la pérennité est sujette à interprétation, et qui dit contrôle, dit moyens adaptés… et des résultats !

Oui pour 10 % de nature en libre évolution !

Pour l’ASPAS, la protection forte à la française doit tout simplement appliquer les critères de classification des aires protégées des catégories Ia et Ib de l’UICN, c’est-à-dire des aires gérées principalement à des fins scientifiques ou de protection des ressources sauvages.
Autrement dit, une zone en protection forte doit strictement et au minimum interdire la chasse, la pêche, la coupe de bois, la cueillette, le pastoralisme et les engins à moteur.

Ok pour 10% de zones à protection forte, mais uniquement si ces 10% sont laissées en libre évolution ! Une zone vraimentprotégée doit permettre à la nature de s’épanouir et d’évoluer librement, tout en permettant aux humains le droit à la contemplation : qui dit libre évolution ne dit pas interdictions absolues et mise sous cloche définitive de la nature ! Il s’agit avant tout de changer de paradigme, d’accepter que l’humain est un vivant parmi les vivants, et qu’il est vital de rester humbles devant les richesses de la nature : notre propre survie en dépend.

© Photo d’en-tête : Thomas Cugnod